Activité toujours intense au Stromboli

Ça n'arrête pas: une véritable canonnade grande nature, un spectacle époustouflant. Les évents décrits dans un précédent post sont tous toujours actifs mais une nouvelle bouche s'est ouverte juste à côté de la N.N. Depuis plus d'une semaine déjà il y avait, de temps à autres, des émissions de gaz à travers les scories, entre les évents N.N et N.S. sans qu'une ouverture n'y soit bien identifiable. La situation a évolué, semble-t-il, en cours de journée le 14 décembre.

Les images indiquent que ce jour-là une activité explosive plus régulière, ressemblant à celle de l'évent N.N (le chalumeau), se met en place sur cette zone. Elle se poursuit actuellement ce qui signifie que ce point de sortie est pérenne dans le temps, actuellement tout du moins. Il fait partie de l'évent N.N dont on peut désormais dire qu'il possède deux points de sorties, deux "bouches", côte à côte et alignés avec l'évent N.S. Celle qui, globalement, fonctionne le plus reste la principale mais il arrive que les deux "s'expriment" simultanément.

Les deux bouches de l'évent N.N. Image: LGS

Mais c'est le 15 décembre que la situation a connu une évolution notable: la mise en place d'une petite coulée de lave. Oh rien d'exceptionnel en regard de ce qui avait eu lieu en 2014, par exemple mais une belle petite coulée tout de même.

Les prémices de sa formation se mettent en place en fin de matinée le 15 décembre. Les caméras thermiques installées au sommet (au sud-est) et au nord-est indiquent alors que le cône nord comment a émettre de plus en plus de chaleur. Plus précisément la situation évolue brusquement à partir de 10h51 (heure locale) au niveau de la bouche annexe décrite plus haut. Une activité soutenue de spattering se met en place durant environ 4 heures et c'est au cours de cette courte période qu'un débordement de la colonne de magma se produit. Il semble débuter lentement vers 12h15 et forme la coulée de lave. La trajectoire de cette dernière l’amène d'abord vers l'intérieur de la plate-forme cratèrique mais la topographie l'oblige à bifurquer immédiatement vers l'est puis le nord-est en contournant la base du cône nord.

Une image Google Earth pour localiser les Cônes Nord et Sud, le ressaut, la Sciara del Fuoco et la trajectoire (approximative) de la coulée, en rouge. Image: Google Earth

Ce n'est qu'à partir de 14h23 que le front de la coulée parvient au niveau du ressaut abrupte qui amène sur la petite plate-forme présente au pied du cône nord, juste avant la grande pente de la Sciara del Fuoco.

La coulée de lave vue par une caméra du sommet. Image: INGV

La coulée de lave vue par une webcam thermique située en face du cône nord. Image: LGS

Cette coulée de lave, lente car faiblement alimentée, n'est restée active que peu de temps visiblement. Les webcams de l'INGV suggèrent en effet que la source était tarie vers 16h30-17h00 (heure locale) et cette coulée de lave n'a donc pas pu aller bien loin: elle n'a pas atteint la Sciara del Fuoco.
On peut noter que le jour où se pic d'activité éruptive se produit, le trémor monte en flèche, puis redescend rapidement, et ce en milieu de journée, ce qui permet de très fortement soupçonner le lien entre le pic et l'effusion (le premier étant la conséquence du second, vraisemblablement).

Le pic de trémor à la mi-journée du 15/12. image: LGS

Un autre lien que l'on peut soupçonner est celui qui associe l'ouverture de la nouvelle bouche le 14 décembre et, dès le lendemain, une effusion dont elle est la source. Cela pourrait être la double conséquence d'une réorganisation de la partie supérieure de la plomberie du cône nord, en particulier sous l'évent N.N.

Quoi qu'il en soit, l'activité reste absolument fantastique, mais ne peut malheureusement plus être observée depuis le sommet, fermé par la Protection Civile. Seules des observations depuis le point de vue à 400m sont autorisés , mais même là le spectacle doit être fantastique.*

Sources: INGV; LGS

* mais probablement frustrant pour les passionnés, on est bien d'accord :)